Historique

L'histoire de la chaîne

Tout commence à l'automne 1985.

A quelques mois des élections législatives, qui s'annoncent perdues pour la gauche, François MITTERRAND sort de sa botte secrète un nouveau projet audiovisuel : la création de deux nouvelles chaînes privées. " Un espace de liberté supplémentaire " ajoute-t-il. Promesse tenue début 86 avec la naissance de La 5, le 20 février, et l'éclosion de TV6 quelques jours plus tard. La 5 est attribuée à deux hommes proches du pouvoir, Silvio Berlusconi et Jérôme Seydoux PDG des Chargeurs Réunis. C'est le début des grandes manœuvres dans le PAF. La droite revenue aux commandes de l'État annonce la prochaine privatisation de TF1. Toutes les stars de la Une quittent le navire pour les beaux yeux de La Cinq. Qu'ils s'appellent Sabatier. Sébastien, Bouvard ou Collaro tous succombent au charme de Silvio Berlusconi. C'est la grande époque du strass et des paillettes. Il y a aussi les films et les séries mais les émetteurs ne suivent pas. Très peu de foyers peuvent recevoir La Cinq. Conséquence : l'audience ne décolle pas. Les animateurs débauchés à coup de millions de francs réintègrent la Une, à l'exception de Philippe Bouvard.

Tirant un premier bilan de cette expérience, la CNCL résilie la concession le 23 février 1987 et offre la chaîne au duo Berlusconi - Hersant, Robert Hersant qui plaide en faveur du développement de l'information. Sur son initiative naît alors la rédaction de La Cinq. Le 14 septembre 1987 la chaîne diffuse à 13 Heures son premier journal télévisé présenté par Jean Claude Bourret.

1988, grand cru électoral, s'achève de façon mitigée pour La Cinq. L'audience progresse mais le CSA qui a succédé à la CNCL attribue parcimonieusement de nouveaux émetteurs. La chaîne ne couvre que très partiellement le territoire français. Conclusion : moindre public donc moindres recettes d'où un important déficit financier en décembre 88. Résultat tout aussi inquiétant à l'hiver 1989. Le 28 mai 1990, profitant d'une restructuration du capital de La Cinq, Hachette s'empare de 22% des actions. Le 23 octobre Jean Luc Lagardère président du groupe Hachette réalise le rêve de sa vie : il devient l'opérateur d'une chaîne de télévision et donc le seul maître à bord. Robert Hersant s'efface. Alors que le groupe Hachette promet de faire une grande chaîne familiale et généraliste, Jean Luc Lagardère prononcera cette phrase : "Moi je dis qu'Hachette sauvera La Cinq ". Les mêmes mots avaient été prononcés par le même homme quelques années auparavant lors de la reprise du club de football Matra Racing de Paris. Comme les joueurs de ce club, nous devions être mis sur la touche quelques mois tard en raison d'une désastreuse politique de programmation.

Jean Luc Lagardère sort son chéquier. Il engage Pascal Josèphe pour diriger les programmes, s'adresse à Jean Paul Goude pour modeler le nouveau look de La Cinq, réaménage du sol au plafond les locaux de la rédaction. L'empreinte Hachette ne se traduira à l'écran qu'en avril 1991 avec un nouvel habillage de l'antenne, la création de 22 émissions en moins de six mois... Elles disparaîtront presque toutes, très rapidement. Mi-décembre 91, La Cinq n'est plus que l'ombre d'elle-même. Le 17, Yves Sabouret, président de la chaîne annonce un déficit de 3 milliards et la suppression de 576 emplois. Ce seront ensuite quatre mois de lutte pour les salariés de La Cinq. Quatre mois bercés d'une trop belle illusion. Malgré l'impressionnante mobilisation des téléspectateurs et de très nombreuses personnalités, malgré l'offre de reprise de Silvio Berlusconi, mais à cause de l'éclatement du pouvoir et de la coalition de toutes les autres chaînes du PAF, La Cinq disparaît le 12 avril 1992 à minuit. La France offre ainsi une grande première mondiale: la mort d'une chaîne en direct.

Sacrée exclusivité.