Réflexion

de Patrice DUHAMEL

Des flashs, quelques images et deux visages. Celui de Jean-Louis Calderon, victime de son courage et, aujourd'hui encore, véritable martyr d'une jeunesse roumaine en quête d'absolu. Celui de Vincent Albasini, jeune reporter d'images talentueux. Tous les deux, l'homme de l'image et le grand reporter à la recherche de la vérité, éclairaient encore de leur sourire disparu et de leur présence chaleureuse les derniers feux de La Cinq. Septembre 1987 - avril 1992. Près de cinq années intenses et riches, heureuses et tragiques, émaillées d'erreurs de jeunesse mais surtout rythmées par une formidable envie d'inventer et de surprendre. Notre ambition : l'imagination et la rigueur, deux objectifs si difficiles à atteindre dans un monde médiatique soumis à des pulsions permanentes.

 Qui pouvait imaginer, au cœur de l'été 1987, dans la recherche débridée d'une identité, qu'une expérience rare allait se dérouler à ciel ouvert, sous les yeux de millions de téléspectateurs ? Cette famille de La Cinq, elle est née dans l'improvisation, parfois dans le doute, souvent dans la gaîté, avant de grandir et de mûrir. Puis de se disperser dans la tristesse, avec le goût amer d'une aventure journalistique inachevée. Près de sept mille journaux télévisés, des centaines d'heures de magazines, des dizaines de retransmissions sportives. De la véritable création.

 Un esprit Cinq qui souffle encore. L'heure n'est plus aujourd'hui à la nostalgie. Une éventuelle nouvelle Cinq ne ressemblera pas à celle que nous avions bâtie dans l'enthousiasme. Mais la fierté demeure. Celle d'avoir offert au public, pendant près de cinq ans, une information différente et innovatrice. Celle d'avoir réussi, parfois en tâtonnant, toujours dans la fièvre, à imposer un style.

PATRICE DUHAMEL, directeur de l'information.