Abécédaire

Lettre F

Face à France

Fleurs

Formule 1

 

FACE A FRANCE : Septembre 87 : La Cinq lance sa nouvelle grille de programmes. Face à France entre dans les foyers les dimanches après-midi. Produite par Catherine Barma et Thierry Ardisson, l'émission est présentée par Guillaume Durand. Pour la première fois, les invités sont confrontés à l'opinion publique. 20 personnes sélectionnées par l'Institut de Sondage IPSOS questionnent, en direct la personnalité sur la sellette. Le concept marche l'audience suit. La direction de la chaîne décide en janvier 88 de placer l'émission en prime time (20H30). Mauvaise stratégie : la concurrence se révèle redoutable. Puis coup de théâtre, Robert Hersant supprime purement et simplement Face à France. Motif : l'émission coûte trop cher (750 000 Francs). Les Italiens, Carlo Freccero en tête, s'opposent farouchement à cette décision. Mais c'est Hersant qui détient les cordons de la bourse.

 

FLEURS : C'est avec un bouquet de fleurs qu'un ancien ministre du budget, au look coluchien et au langage... fleuri, s'est excusé d'avoir traité deux journalistes de La Cinq (Anita Hausser et Nathalie Saint Cricq) de "petites salopes". Tout commence par une déclaration de Michel Charasse dans les couloirs de l'Assemblée Nationale où il fustige dans un vocabulaire imagé les trafiquants de drogue. Se rendant compte qu'il est peut être allé trop loin, il veut faire interdire la diffusion de la bande. Hélas, tout ministre qu'il est, il se heurte à l'indépendance de la rédaction. Furieux le soir même dans un grand dîner et devant témoins, il profère des menaces de contrôles fiscaux pour les journalistes de La 5. L'affaire fait grand bruit: Alain Juppé demande même sa démission pour abus de pouvoir. Une semaine plus tard, Michel Charasse se fait pardonner en envoyant des fleurs. Morale de cette histoire : langage des fleurs ou langage fleuri : il faut choisir.

 

FORMULE 1 : "Si le foot est sur TF1, la Formule 1 sera sur La 5". Yves de Chaisemartin, PDG de la chaîne n'y va pas de main morte, mais la concurrence entre les télévisions privées est à ce prix. Juin 90 : les négociations s'engagent à Londres entre la FISA de Jean-Marie Ballestre et les dirigeants du boulevard Pereire. Un accord est trouvé: La 5 signe pour 3 ans et obtient l'exclusivité des droits de retransmission pour la France des 16 grands prix que comporte la saison. Montant de la transaction: 6 millions de dollars par an soit 33 millions de francs. La Cinq est en direct pour le premier grand prix de la saison 91 : Phœnix aux Etats-Unis. Couvrir les 33 tours de circuit que comporte un grand prix aurait pu suffire à la chaîne. La 5 préfère jouer à fond sa carte maîtresse : l'innovation.

Les téléspectateurs emmenés par Eric Bayle et Catherine Pic découvrent en direct l'univers très fermé des écuries engagées dans la compétition : les séances d'essaie, les qualifications et le warm up se succèdent à l'antenne. La gomme des pneumatiques laisse des traces sur l'écran. Le succès de la formule 1 est immédiat, à tel point que Jean-Luc Lagardère n'attendra pas 93 pour renouveler son bail avec la F1. Le patron de La 5 se déplace tout spécialement en septembre 91 à Barcelone pour le Grand Prix d'Espagne, et annonce à la presse internationale : "La Cinq vient de signer à nouveau pour cinq ans avec la Fédération Internationale du Sport Automobile". La monoplace du groupe Hachette devait tenir jusqu'en 1998. Elle n'a pas supporté le sur régime, et elle abandonne le 12 avril 92.

 

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