Abécédaire
  Lettre H
HEBERT : Jacques Hébert. Directeur de la rédaction. Il est avec Patrice Duhamel, directeur de l'information, le co-fondateur de ce qui fera la notoriété de La Cinq : l'information précisément. Ensemble ils recourent à une solution ambitieuse et risquée. Engager une majorité de jeunes journalistes et les encadrer par quelques grands anciens. Pari réussi. Dès ses débuts, la rédaction de la chaîne dont la moyenne d'âge n'excède pas 28 ans impose son ton et sa différence. Misant sur la polyvalence, chaque journaliste doit savoir tout faire.
Jacques Hébert et Patrice Duhamel jouent la proximité. Reporters, cameramen, techniciens, présentateurs, tous partagent le même espace. La hiérarchie s'impose par ses compétences et non par ses ordres. La rédaction ne sera déstabilisée qu'une fois : lors de l'arrivée du groupe Hachette. En achetant la Cinq, Jean Luc Lagardère croit aussi avoir acheté les journalistes. Il se trompe. Toute l'équipe revendique son indépendance. Il se venge. Jacques Hébert est sacrifié pour l'exemple. Viré comme un malpropre durant l'été 1991. La liquidation Hachette venait de commencer.
HERSANT : Notre patron à partir du 11 février 1987. A cette date, le PDG du groupe du même nom, député européen et député apparenté UDF de l'Oise, est un nouveau venu en matière de télévision. Aux côtés de Silvio Berlusconi et de Jérôme Seydoux, Robert Hersant dirige la toute nouvelle Cinq. Sa participation s'inscrit dans une stratégie de groupe multimédia.
C'est l'époque du slogan "Cinq you la Cinq". La Cinq veut devenir la première télévision nationale généraliste et populaire. En masse, les vedettes des variétés et de l'information sont débauchées des autres chaînes. C'est le cas de Patrick Sabatier, Patrick Sébastien, Stéphane Collaro et Philippe Bouvard, mais aussi de Paul Lefèvre, Pierre-Luc Séguillon et Jean-Claude Bourret. Les choix de Robert Hersant s'avèrent judicieux. Rapidement, l'audience de La Cinq passe le cap des 15 millions de téléspectateurs. FR 3 est déjà derrière. L'euphorie dure encore une année.
En octobre 1988, Hersant doit réduire les dépenses. Du passage du patron de presse sur La 5, restera avant tout une image. Celle d'un pari massif sur l'information. Cinq journaux quotidiens. Le matin, à 13 h, à 19 h, à 20 h et à minuit. Une liberté de ton à l'antenne au service des téléspectateurs curieux de leur environnement. Les journalistes sont unanimes pour dire que sous Hersant, ils ont travaillé dans une totale indépendance. En redescendant progressivement de 25 à 7,5% du capital à l'heure du dépôt de bilan grâce à la cession de ses parts, Robert Hersant aurait encaissé une plus value d'environ 40 millions de francs.
HISTOIRES VRAIES : A un numéro près, l'émission lancée le 9 février 1990 fêtait sa centième. Béatrice Schönberg, Marie-Laure Augry du côté des femmes, Gilles Schneider, Paul Lefèvre côté masculin, se sont succédés aux commandes de ce magazine inspiré des fameux "Dossiers de l'Ecran" . Le principe est simple; téléfilm, témoignages, débat.
Ce sont les prémisses du reality show. Avec une différence fondamentale malgré tout. Dans Histoires Vraies, les reconstitutions sont interdites. C'est aussi dans le cadre d'Histoires Vraies que le duo Karlin Lainé a lancé ses premiers "Justice en France". 100 000 Francs par semaine pour fabriquer un numéro. Le défi est d'autant plus difficile à relever qu'en face, le mercredi soir à la même heure, Foucault et ses 3 millions de Francs par émission pèsent lourds. De Simone Veil à Madame Claude en passant par le défunt juge Boulouque, ils sont venus témoigner sur le plateau d'Histoires Vraies, parfois dans la douleur.
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